Magic (s)Trip to Angoulême part 2: Le glyphe magique

Publié le par M 31

Je ne sais pas quelle heure il est, et je ne veux pas le savoir. La journée d’hier a été longue, la nuit a été courte, et il fait bon sous la couette. Le matou de la maison m’a utilisé comme radiateur humain, mais je bouge trop dans mon sommeil pour respecter le sien… Navré, Minouche. Ceci dit, le soleil est levé depuis longtemps, et les autres aventuriers ont quitté la place depuis longtemps, pour reprendre leurs quêtes respectives. Quant à nous, nous devons partir au pavillon des éditeurs, pour éviter l’affluence de ceux venus chercher le glyphe magique le plus vénéré de tout l’ordre bédéphile : la dédicace.  Seule reste avec nous pour le petit déjeuner Cécile, qui propose même de nous emmener en voiture aux portes de ce labyrinthe. Tout bon chevalier doit se trouver un fidèle destrier. Celui-ci ne nous a jamais fait défaut. Merci à elle. 

 

La clef de la porte du labyrinthe est individuelle, elle coûte quarante et une pièces d’or. C’est cher, mais la réussite de notre entreprise est à ce prix.  Une fois entrés, il ne nous reste plus qu’à prendre une route au hasard, étant donné la taille de l’endroit. Je prends la première entrée à gauche, c’est le cachot Dargaud. J’y découvre des trésors jusque là inconnus, comme Rosangella de Corbeyran et Berlion ou le Jazz Club de Alexandre Clérisse. Nous croisons un guide, qui partage avec nous son savoir, et la liste des auteurs présents en dédicace. Elle est alléchante, et Corbeyran est marqué présent aujourd’hui à partir de 15h. Tant mieux, son nouveau grimoire m’a l’air riche de promesses… En attendant, Alexandre Clérisse, sur lequel le guide ne tarit pas d’éloges, est présent également. Ce magicien propose même à ceux qui viennent le trouver de leur dessiner un talisman sur commande. Etant donné  le thème de son grimoire, j’ai pensé à une contre basse… ça semble le surprendre un peu, mais il s’en tire avec les honneurs.  

La suite se passe en exploration, sur les stands de Casterman, du Lombard, et de Vents d’Ouest notamment. J’irai bien consulter les sorcières Laurel et Melaka, mais je n’ai pas emmené leurs grimoires, et la file d’attente est… pour le moins dissuasive. De plus, je cherche un cahot précis, où se cache l’un des plus puissant sorciers bédéphile de France et de Navarre : Un certain Manu Larcenet, au cachot des Rêveurs de Runes. Je prends la direction indiqué par l’un des fantômes de la forteresse, ceux que leur veste de membre de l’organisation rend transparent : c’est à gauche au bout de la coursive, si l’on sait éviter les pièges, notamment, une gigantesque salle d’arme avec marqué Soleil sur le portail, où toute une foule de guerriers se presse. Je ne veux même pas imaginer essayer d’y entrer. Je passe mon chemin, mais je m’arrête devant le stand de Panini, où le chevalier Yannick (voir le premier article sur le festival d’Angoulême) cherchait sans succès hier une dédicace de Tim Sale, de Jeff Smith ou de Gabriel del’Otto (Pardon si j’écorche son nom, je n’ai pas trouvé l’orthographe exacte).

Force est de reconnaître que les gardiens de ce cachot-ci ne sont pas bavards, et que le système d’organisation des dédicaces est particulièrement retors. Il a fallu insister pour que la jeune femme à laquelle nous nous adressions nous montre la liste des auteurs et des dessinateurs présents. Quant à l’organisation, il s’agit de faire la queue pendant longtemps pour pouvoir tirer au sort un papier  qui vous désignera ou non comme l’un des heureux élus qui obtiendra la dédicace d’un auteur donné. Vous n’avez pas le choix. Yannick s’obstine malgré ses échecs, mais moi, la seule perspective de cette épreuve qui prendrait la journée me fait fuir… Remarque, j’ai quand même arraché aux gardiens un joli volume de Daredevil dessinée par Tim Sale et scénarisé par Monseigneur Jeph Loeb… Rien que ça fait rêver.  

Deux gargouilles de célèbres créatures magiques égayent ce stand, une chauve-souris, et une araignée rouge et bleue. Mais nous avons trouvé l’antre du magicien que nous cherchions. Sus au pavillon des petits éditeurs ! Nous visitons donc, le regard affûté, quelques obscurs cachots, avant de tomber dans celui que nous cherchions. Hélas, le manitou Larcenet n’est pas encore là, mais ses disciples nous apprennent qu’il usera de ses pouvoirs à partir de 15h. L’éclat de l’hypothétique trésor qui nous aveugla sur le coup, n’a pas heureusement, dissimulé à nos yeux, une pépite qui a d’autant plus de valeur qu’elle était moins recherchée… Face aux rêveurs se tenait, un  blanc magicien, qui tentait de soutenir son chevalier, et son destrier à roulettes. Je veux parler de Jak, et de sa Bande à Ed, que je vous recommande chaudement. Ce sage-là n’est pas un monstre du Loch Ness, dont on parle sans l’avoir jamais vu. C’est plutôt quelqu’un dont on devrait parler parce qu’il est là (je ne rajoute rien, il est déjà dans la liste de liens). Magnanime, il a accepté de laisser profiter de son grimoire, agrémenté d’un glyphe qui en augmente le pouvoir, comme chacun sait.

Remotivé par cette réussite aussi bienvenue qu’inattendue, j’attaque sans sourciller, cherchant dans le grimoire Critixman, la volonté d’affronter la queue monstrueuse devant le stand des rêveurs, où une dizaine de farouches guerriers m’ont déjà précédé, une demi-heure avant que le lion n’entre dans son arène. De son côté,  mon écuyer (alias Papa), affronte un démon nettement moins terrible, et un magicien pourtant puissant : Daniel Casanave, en l’occurrence appuyé par le chevalier Noël Tuot, pour conquérir un grimoire intitulé Baudelaire.  Parvenu au bout de sa quête avant moi, mon écuyer part en quête des magiciens Hippolyte et Aston Bechdel, respectivement pour Fun Home, et Le maître de Ballantrac. Quant à moi, j’arrive au bout de ma quête, mais ne sait quoi réclamer au génie qui veut bien exécuter pour un tour, en un coup de crayon… A peine bonjour en fait. Manu Larcenet me tend mon dessin, je pars. Je n’ai pas dit un mot… ça n’aurait servi à rien, les battements de mon cœur l’auraient couvert.

Je ne reprends mes esprits que quelques mètres plus loin, juste  assez pour remarquer une couverture familière, et deux hommes derrière. Romain Multier et Gilles Tévessin, les auteurs d’Un taxi nommé Nadir. Hélas, je n’ai emporté aucun livre. Toutefois, comme il n’y a personne devant eux, ils sourient quand je m’approche simplement pour leur dire que leur ouvrage m’a réconcilié avec les chauffeurs de taxi. Pas très loin d’eux attend une fée dont la magie a déjà opéré sur ce blog : Barbara Yelin. Elle dédicace ses deux livres parus en France aux éditions de l’an 2 : Le retard, que je possède déjà, et Le visiteur, que j’avais cherché en vain il y a quelques temps déjà. Pour l’avoir vu travailler devant mes yeux, je vous le confirme : elle dessine merveilleusement bien. A elle non plus, je n’ai pu dire un mot, mais c’est parce que je ne parlais pas un mot d’allemand, et elle, pas un mot de français. Quelque part, ça m’a mis à l’aise, et même, j’ai même levé temporaire l’embargo de mes méninges sur mes cours d’allemand de lycéen… C’est dire si cette journée est à marquer d’une pierre blanche…

La journée a été longue, malgré tout, mais il est trop tôt pour rentrer déjà, quand s’ouvre devant nous un cachot de légende : l’Association. Parmi les œuvres présentées, l’une d’entre elles m’inspire particulièrement. Les 99 exercices de style de Matt Madden, sur le modèle des exercices de styles de Raymond Queneau. Intéressant.  

Pour conclure ce chapitre sur le glyphe magique, je veux évoquer le pavillon des indépendants, visité le dernier jour, où les gens qui attendent les dédicaces ne sont pas les lecteurs, mais les auteurs. Pourtant, j’ai trouvé des choses intéressantes dans ce pavillon, merci à eux. 

Publié dans Corps Célestes

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J
De la file d'attente qu'il y avait pour Larcenet, tu es le seul qu'on a réussi à intéresser! Les autres regardaient ailleurs en sifflotant et, à part pour leur maître, ne semblaient pas avoir la moindre curiosité.Merci pour ton soutien et ton intérêt;)<br /> Le Blanc Magicien et son destrier à roulettes
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