Les passe-murailles tome 2: A tort et à travers, par Cornette et Oiry

Publié le par M 31

Parmi la foule des gens ordinaires vivent d’autres gens presque aussi ordinaires. Ces derniers sont comme vous et moi, à ceci près qu’ils ont un pouvoir spécial, celui de traverser les murs, et toute autre matière solide. C’est sur ce postulat que repose la série des passe-murailles. En quatre histoires de quelques planches, Jean-Luc Cornette et Stéphane Oiry explorent toutes les implications de ce pouvoir hors du commun sur la vie de ces gens du commun. Le premier tome, Le dedans des choses, paru en 2005, présentait des histoires plutôt gentilles. On y voyait les passe-murailles faire des blagues, tourner en ridicule les idiots et les méchants. L’un d’entre eux sauve une vie, l’autre se rapproche de la jolie secrétaire de son collègue. Quelque chose comme Monsieur Jean traversant les murs. 

 

 Dans A tort et à travers, le ton est résolument plus sombre, et la faculté de traverser les murs prend toute son importance. Le fil rouge de l’album, c’est le pouvoir devenu source de malheur, quand son usage tourne mal. En effet, le pouvoir des passe-murailles permet de voir ce que d’autres ne voient pas, ce qui est caché. Ici, l’une deux découvre une trahison qu’elle n’aurait jamais soupçonné sans sa faculté de traverser la matière. De la même façon, on voit l’une de leurs plaisanteries tourner au drame de manière plutôt atroce. La dernière histoire, la petite blague d’une jeune fille à un dragueur balourd pourrait mal tourner, mais les auteurs ont préféré finir sur une note plus légère. Je ne sais pas si c’est mieux ou si c’est dommage dans ce contexte, à vous de voir. Enfin, mention spéciale pour Pollock, le contrepoids gentillet des deux histoiresles plus tristes. Une bonne idée, toute simple mais amusante. J’avoue m’être demandé un bout de temps qui était le passe-muraille de cette histoire. 

 

 Graphiquement, c’est joli. Encore une fois, on retrouve clairement la filiation avec Monsieur Jean. Les protagonistes sont pour la plupart de gentils trentenaires inoffensifs, et le dessin aux lignes claires et lisibles, semble doucement caricatural. Peu de risques ont été pris de ce pont de vue. L’aurait-il fallu ? Encore une fois, je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, l’idée de Cornette et Oiry renouvelle le genre de l’histoire du quotidien de manière intéressante, et il est agréable de sentir une vraie évolution d’un album à l’autre. Le troisième album, annoncé comme une histoire complète, devrait creuser la psychologie de ces personnages si particuliers. De plus, on n’a toujours pas vu de « méchant » passe-murailles…

 

 Ce second tome montre donc une réelle progression dans la réflexion des auteurs sur leur idée de départ, et confirme leurs promesses, effaçant en grande partie les doutes sur une série de qualité.

source image: www.toutenbd.com

Publié dans Corps Célestes

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